(Les notes de jardin sont des brouillons écrits d'un jet sans
aucune correction. Les corrections seront apportées au fur et à mesure de la reprogrammation
du site).
Les
Jardiniers du dimanche.
Des
jardins partagés, il en existe plein dans l’Est et le Nord-est parisien. Cette
activité populaire est quasi inexistante dans les beaux quartiers. Les classes
populaires plus promptes à l’écologie s’adonneraient plus volontiers à un
ersatz de jardinage. Il est vrai que ce n’est pas chose facile que caser une
foule de projets grands comme le Brésil dans un carré de verdure aussi large
qu’un mouchoir de poche !
Le jardin partagé est une idée très à
la mode, surtout à gauche vu qu’à droite on ne partage pas grand-chose par
éducation. Cette idée juteuse fut soi-disant lancée pour créer du lien social,
alors que sans ce lien social aucun jardin n’existerait. Cherchez l’erreur.
Il n’est pas rare qu’une poignée de
pétroleuses professionnelles, collées de prés par quelques militants de
barricade, tous acteurs acharnés depuis le berceau en faveur de diverses
utopies sociales à la mode, lancent à la mairie, à moins que ce ne soit
l’inverse, un projet de jardin sur la dernière friche rendue subitement
disponible dans le quartier. S’engage alors une lutte acharnée pour monter le
dossier, le faire passer en commission, obtenir les premiers financements.
Arrive le moment tant attendu où le terrain est enfin attribué, les clés
remises, où la terre franche est livrée à contretemps par rapport au calendrier
« comment jardiner avec la lune », enfin où il est temps de se rendre compte un
peu tard que la terre est basse.
Entre temps, une association aura été
mise en place, non sans mal, dans la mesure où prendre le pouvoir devient une
source de grande agitation chez certains pour qui une place de président de
n’importe quoi est nécessaire pour qu’ils ressentent ce merveilleux sentiment
d’exister avec en perspective une reconnaissance publique à venir on ne sait
quand, mais bientôt, avec pourquoi pas la remise éventuelle d’une médaille
dédiée à la gloire du poireau national.
Pour l’observateur goguenard, c’est là
une source à jubilation de voir venir les arnaques du petit matin, les coups d’État
permanents des réunions nocturnes, les coalitions d’opérette, les trahisons
d’arrosoir, toutes ces basses manœuvres inévitables et inhérentes à la nature
humaine qui devancent toute création d’un bureau associatif ne fussent celle
d’un de ces fameux jardins dits partagés où tout devrait se partager dans un
même élan social, tout sauf le pouvoir bien évidemment.
JP - 17/03/2015
L’anthropisation
du monde, du monde urbain, aboutit à reléguer la nature au banc de la ville, au
banc des banlieues, au bout du monde. Depuis longtemps, l’homme des mégapoles
se déplace sur du macadam, respire des gaz d’échappement, vit perpétuellement
dans le bruit, ne sait plus lire les étoiles qu’il ne perçoit d’ailleurs même
plus par-dessus les toits. Et, pour finir, il s’imagine heureux. Quel bonheur
cette inconscience insoupçonnée pour les promoteurs de cages à lapins qui ne
songent qu’à bétonner les herbages, les forêts, les plaines, les collines pour
y entasser toujours plus de malheureux qu’on aura fait venir de loin par la
terre, par la mer, par la guerre.
Il n’est donc pas étonnant que l’idéologie du combat écologique ait prise sur
cet homme déshérité, en partie privé de nature, en partie seulement, car c’est
justement ce manque encore perceptible qui le meut à la recherche d’un paradis
perdu qu’il pourrait retrouver, reconquérir sans trop de peine, au coin de la
rue, sur la friche encore disponible et à portée de la main. On est bien libre de
rêver du bonheur, ne serait-ce finalement sur un tas de compost, même si
celui-ci n’est encore qu’un tas d’ordures. À chacun son petit bonheur selon sa
fortune.
Tous ces facteurs pèsent sur l’homme des villes comme sur celui des champs
déracinés. Et tous deux imaginent de replonger un jour leurs racines dans un
sol profond fait d’histoires et par leur histoire. Ce mouvement de
ressourcement individuel autant que collectif n’est pas sans embarrasser les
professionnels du désastre politique qu’ils soient de gauche comme de droite.
L’idée même que les gens puissent devenir maîtres de leur vie dérange. On
touche là à un problème de fond des gens d’ici et de maintenant, l’identité,
sujet tabou s’il en est, et, si l’on écoute certains discours, le Français n’existerait
pas en tant qu’autochtone et même n’aurait jamais existé, tant on voudrait nous
faire oublier les ancêtres gaulois, ces Celtes qui avaient oublié d’écrire leur
histoire. Cette absence d’écriture qui gomme le fondement identitaire permet
aux négationnistes de nier l’existence de racines lointaines ethniques ou
religieuses encore vivante sous formes vestigiales, et ce au profit d’une
idéologie « laïque » quasi favorable à des immigrations permanentes en
provenance de tous les coins du monde sous prétexte qu’il en fut ainsi de tout
temps en ce pays. Or, rien de tout cela n’est entièrement vrai. On connaît la
suite et on en voit les résultats aujourd’hui. Plusieurs personnes qui
jardinent à Belleville se sont senties particulièrement remises en cause à la
suite des événements du 7 janvier 2015. Leur vision du monde est prise en
défaut par une réalité de plus en plus chaotique. Force fut pour elles de
constater que certaines populations refusaient le vivre ensemble qu’ils
défendaient pourtant à contre-courant. Aussi surprenant que cela puisse
paraître, la place du jardin comme lieu d’intégration dans le quartier se pose
depuis à certaines personnes. Au niveau de l’inconscient, le sol est donc
chargé non pas d’une symbolique, mais de plusieurs, ce qui provoquerait de
temps à autre contresens et malentendus.
Passé ce grand moment d’angoisse collective, on saisit mieux la nécessité pour
certains de se retrouver sur un petit coin de terre que l’on travaille pour soi
et par soi-même. Si le jardin partagé est une ouverture sur la nature, il peut
être aussi vu comme un repli sur un passé personnel ou collectif. Il suffit de
tendre l’oreille pour s’en convaincre.
On est donc en droit de se demander si le jardin partagé en tant qu’utopie ne
contribuerait pas à sa manière à l’aliénation de l’homo urbanicus, tant
l’idéologie est forte chez certaines personnes ? C’est possible. Toujours
est-il que le fonctionnement du jardin partagé s’inscrit parfaitement dans
l’idéologie de gauche avec l’idée d’une autogestion du projet, d’une entraide,
d’une convivialité, d’un lieu créatif, participatif. La rhétorique de service y
trouvera toujours une source d’inspiration pour ses discours, son bulletin
municipal, son auto satisfaction entretenue à perpète. Et quand viendra le moment
de la récolte, la satisfaction sera d’autant plus grande que la récolte fut
bien mince. La récupération idéologique du jardin partagé est donc à portée de
la main de tout pouvoir et aucun pouvoir ne s’en privera, même si son discours
officiel tourne à vide par rapport aux rêves qui hantent les jardins autant
dans les têtes qu’au bout des binettes.
Par-delà ces problématiques plus politiques que sociales, certains acteurs
tentent d’intégrer au jardin les diversités exogènes aux diversités endogènes
par le biais du jardinage. Chacun s’acculture ainsi à la fois à la nature et
aux cultures humaines proches ou lointaines. Cela contribue au charme du
partage.
Au plan symbolique, on peut avancer
que le jardin partagé renvoie les acteurs à des événements passés de leur vécu,
à une identité plus ou moins perdue qu’ils chercheraient à reconstruire plus ou
moins en intégrant de nouvelles valeurs pour l’avenir. C’est en cela que le
jardin peut être le révélateur d’une identité en devenir, individuelle autant
que collective. Au jardin partagé, en vérité, on jardine autant les plantes que
ses rêves.
JP - 17/03/2013
Le
jardin partagé vient de loin.
Comme si les jardins partagés nous venaient des USA. Quelle
idée ! Les jardins communautaires français existaient bien avant que cette
soi-disant mode nous vienne de New York. Faut-il rappeler les jardins ouvriers
d’autrefois mis en place pour détourner l’ouvrier des débits de boissons, si ce
n’est des réunions syndicales, et dont l’effet était de nourrir la
famille ? Et puis, cultiver son jardin, ou bien le peu qu’il en reste sous
la forme vestigiale d’un carré pas plus grand qu’un mouchoir de poche ou d’un
pot oublié sur le rebord d’une fenêtre, aurait à mon sens toujours existé.
C’est une sorte de lien à la nature comme au pays que l’on essaie de conserver
en soi malgré cette urbanisation envahissant nos vies et nos imaginaires. Car
nous sommes tous paysans quelque part en nous, d’ici ou d’ailleurs, même si
maintenant ce lien au pays s’estompe au profit d’une sorte d’homo betonicus
sans racines profondes capables de donner cette sorte d’aplomb propre aux
identités bien construites au milieu d’une nature toujours hostile comme
bienveillante. On en voit aujourd’hui les conséquences dans les crises
d’identité qui frappent gravement les nouvelles générations.
On pourrait donc concevoir ce besoin
collectif de jardiner en ville comme une tentative pour se ressourcer par
rapport à un pays comme à une nature plus ou moins oubliée. Car le geste en
ville est bien plus symbolique que matériel, du moins dans la capitale où les
rendements potagers n’existent pas plus sur le terrain que dans les esprits.
Mais ce qui vient d’ailleurs étant
toujours plus intéressant, il est de bon ton dans certains milieux de ne jurer
que par les USA en matière de révolution verte comme dans tout le reste. Donc,
nos révolutionnaires outre-Atlantique se sont armés un jour de bombes vertes
pour faire éclater la révolution sur quelques friches en lançant des sacs de
graines comme on lancerait des grenades. Cela devient à la mode du côté de New
York et je soupçonne même un certain snobisme d’y avoir mené en ce sens le jeu
d’un mouvement perpétuellement à la recherche de l’action extraordinaire. On
s’esbaudit comme on peut dans une sorte de révolution bon chic bon genre. Après
les hippies en chemises à fleurs, voilà les jardiniers révolutionnaires !
Il fallait bien, à cette époque, s’opposer d’une manière ou d’une autre à la
guerre du Viet Nam avec si possible une connotation à la Mao, 毛泽东 pour les connaisseurs,
« laissez cent fleurs fleurir », afin de contester la politique du
pouvoir.
Et pendant ce temps, ici, nos
jardiniers jardinaient à l’orée des villes, en jardins ouvriers, ou à la
compagne, comme d’habitude.
Ce mouvement contestataire par le
jardinage en ville n’aura pas échappé à nos politiques professionnels en
manipulation des foules. Relancer la lutte sociale par le jardinage en
distillant aux croyants une idéologie selon laquelle ils sont la nouvelle
avant-garde contre le capitalisme, le bétonnage, quelle opportunité pour
l’écologie politique, quelle belle carotte pour faire avancer des ânes qui ne
sont peut-être pas aussi bêtes que ça.
Finalement, le jardin partagé, c’est
un peu comme l’oignon : il faut en retirer les pelures idéologiques pour
atteindre l’essentiel qu’est le
jardinage en soi.
(à suivre)
La
biodiversité du 20° arrondissement.
L’arrondissement présente une
diversité botanique et faunistique remarquable. C’est, avec les 12° et 16°
incluant les bois de Vincennes et de Boulogne, l’un des arrondissements les
plus riches de la Capitale. Ceci s’explique par la présence d’espaces assez
vastes, comme le cimetière du Père-Lachaise, ou plus ou moins sauvages comme
celui de la Petite Ceinture. Tous ces lieux avec les jardins d’alentours
offrent une grande diversité de milieux microclimatiques et une ouverture
écologique aux environs de la Capitale.
On dénombre dans l’arrondissement pas
moins de 340 espèces de plantes indigènes, 63 naturalisées et 26 subspontanées,
soit un total de 429 plantes différentes sur les 850 comptabilisées dans la
Capitale. On y observe
naturellement des plantes à fleurs, mais aussi des Fougères et même quelques
Orchidées.
Le cimetière du Père-Lachaise présente
pour sa part une diversité végétale importante composée de 310 espèces, dont
265 indigènes et 45 naturalisées. La
diversité animale du site y est toute aussi surprenante. On n’y dénombre pas
moins de 264 espèces de coléoptères sur les 637 actuellement répertoriées à
Paris. On y compte aussi une centaine de papillons. Qui dit insectes dit aussi
oiseaux. On peut y observer en effet quelques espèces rares en zone urbaine
comme la Chouette effraie. On y
contemplera à loisir le Corbeau, mais sans le Renard. Bien sûr, les petits
mammifères ne sont pas absents du site : la Fouine et l’Écureuil y sont parfois
aperçus. Le cimetière du Père-Lachaise joue donc un rôle de premier plan dans la
biodiversité parisienne.
La petite Ceinture forme une friche
encore préservée de la fréquentation citadine. La végétation s’y déploie
librement entraînant dans son sillage une faune tout aussi riche. On dénombre
plus de 460 espèces végétales. La faune y est parfois surprenante comme la
présence du Hérisson, celle de colonies de Chauves-Souris, d’oiseaux divers, de
petits reptiles, et d’insectes attirés par les fleuraisons des lieux. La petite
Ceinture représente en fait une sorte corridor écologique ouvrant la
Capitale sur la Banlieue et même sur la campagne lointaine. Mais
cela ne durera pas.
JP. - 12/11/2007
Le
compostage comme signe d’aliénation.
Il n’est pas de réunion initiale à la
création d’un jardin partagé sans qu’on y parle aussitôt du compost. Chacun
donnera son avis alors que bien peu, pour ainsi dire personne, n’a une idée
bien précise de la chose. Certes, l’accumulation des déchets dans un bac est
dans toutes les têtes et la magie de dame nature fera le reste.
On peut voir dans cette précipitation
d’aborder ce sujet comme une sorte d’aliénation à une idéologie ambiante, celle
d’une écologie politique grande manipulatrice des foules distillant ses dictas
à des désœuvrés en mal d’une nature perdue ou lointaine. Ceci peut se
comprendre dans la mesure où l’homo urbanicus, cybernanthropisé jusqu’à la
folie, ne saurait même plus marcher dans la glaise de ses ancêtres. Pauvres de
nous.
Il faudra donc faire découvrir, et
expliquer à ces jardiniers en herbe, la fermentation aérobie des tas d’ordures,
l’intervention des champignons thermophiles, le retournement du tas, la prise
de température. Il faudra passer son expérience de jardinier ayant connu le
travail à l’ancienne conduit comme au 19° siècle avec le maraîchage sur couches
chaudes, châssis, cloches et paillassons. Toute la vieille école horticole qui
faisait de l’écologie avant l’heure sans le savoir, mais qui le faisait bien.
C’était une époque où l’on prenait le temps d’observer la nature, où on lisait
les indices phénologiques à la manière d’un vieil Apache traquant le gibier, où
les floraisons entraient en synchronie avec les tâches de la semaine. Que le
lilas vienne à fleurir et l’on plantait aussitôt la pomme de terre sachant que
le sol était enfin suffisamment réchauffé pour accueillir la semence.
Il faut donc sortir les gens de leurs
bulles idéologiques, de leurs idées toutes faites sur dame nature, en leur
offrant des représentations opérationnelles, des notions non académiques, mais
justes, dont le but est de leur donner l’intelligence du geste pour les sortir
des automatismes dans lesquels on les enferme par éloignement du monde vivant,
par perte de sens à cause d’une urbanisation de plus en plus abiotique. À
Paris, même les espaces verts sont toxiques, mais ça les écolos de service ne
le verront jamais tant ils ont le nez dans leurs dossiers et l’esprit accaparé
par leur affairisme de couloirs.
Finalement, le jardin partagé, c’est
un peu comme l’oignon : il faut en retirer les pelures idéologiques pour
atteindre l’essentiel qu’est le
jardinage en soi.
JP - 16/03/2015
Un
grand absent de la pensée urbaine : le sol du jardin.
Bien qu’il ne soit pas question d’entrer
dans les détails de la dynamique des sols, il convient toutefois d’en donner
une représentation simple à l’usage des jardiniers.
La représentation la plus simple est
d’admettre que le sol est pour partie un être vivant ayant besoin comme tout
être vivant d’un minimum de choses pour exister. Sans ces éléments
indispensables, le sol pour ainsi dire se meurt, devient inerte, et même
impropre à certaines cultures.
Quels sont donc les éléments
indispensables au bon fonctionnement du sol envers la plante ? Si la réponse du
spécialiste est loin d’être simple, en donner une représentation élémentaire
devrait nous aider à bien jardiner tout au long de l’année. Considérer
pour partie comme être vivant, le sol aura besoin tout naturellement des
éléments suivants : d’eau, d’air, de nutriments.
L’eau :
L’eau est donnée par la pluie et les
arrosages. Elle est indispensable à la croissance des plantes puisqu’elle sert
aussi de vecteur aux nutriments des plantes composés en grande partie de sels
minéraux solubles.
On arrose avec l’eau disponible, eau qui n’est pas toujours idéale de par sa
composition. À paris, l’eau est trop calcaire, ce qui produit des blocages dans
la chimie du sol et provoque souvent une carence en Potasse.
L’air :
Tout sol doit être bien aéré, afin que
les racines respirent, que les micros faune et flore existent, que l’eau
circule dans les minuscules espaces inter particules. Un sol trop compact
entravera la croissance des plantes tout en favorisant des réactions chimiques
anaérobies souvent néfastes au sol comme aux plantes.
Les nutriments :
Les nutriments des plantes sont
d’abord des minéraux solubles ou rendus solubles par l’action des bactéries,
des champignons, des acides secrétés par les racines. Il convient donc de
veiller à fournir en permanence au sol, donc aux plantes, tous les ingrédients
indispensables au fil du temps de croissance.
Notre attention sera retenue
uniquement par les produits dits « écologiques ». Dans cette gamme de produits,
nous trouvons les éléments suivants : l’azote, le phosphore, la potasse. Tous
ces nutriments seront donnés sous la forme de produits d’origines naturelles,
d’engrais organiques : pour l’azote (N) on utilisera de la corne torréfiée et
du sang desséché, de guano pour une action ponctuelle et rapide ; pour le
phosphore (P2O5), on utilisera des déchets de poissons et de la poudre d’os ;
enfin, pour la potasse, on aura recours à des extraits de vinasse (K2O).
Le pH :
L’acidité du sol comme son alcalinité,
tendance basique, sont à surveiller. L’idéal serait d’obtenir un sol au pH
neutre (7). Dans la pratique, le jardinier doit faire face à deux processus
contraires et simultanés ! D’une part, les cultures ont tendance à acidifier le
sol par épuisement du calcaire ; d’autre part, en région parisienne, l’eau
étant calcaire, les sols sont très souvent saturés en calcium ce qui provoque
une carence en potasse avec un excès en acide phosphorique par saturation du
complexe argilohumique.
Aussi paradoxal que cela puisse
paraître, un double traitement à effets contraires s’impose. D’une part, il
s’agit de recharger le sol en carbonates, ce qui facilitera la disponibilité
pour les plantes des autres engrais administrés au sol. Voilà pourquoi on
administrera d’abord un calcificateur à l’automne, puis à la fin de l’hiver les
autres engrais naturels de manière à bien organiser dans le temps la chimie du
sol.
D’autre part, la seconde action
importante sera de corriger la tendance basique, si besoin est en amenant un
acidifiant, comme le soufre, afin d’abaisser le pH et de corriger ainsi de
manière indirecte la carence en potasse souvent associée à un pH trop élevé.
En pratique au jardin partagé, le
recours au soufre sera inutile, du moins en région parisienne, si l’on utilise
de la potasse organique, car celle-ci contient souvent de l’anhydride
sulfurique (SO3). La présence de ces deux composants en un seul produit
remplace le sulfate de potasse et agit sur l’alcalinité du sol en libérant le
complexe argilohumique du calcium en excédant, ainsi que l’acide phosphorique
qui lui est lié, libérant de la place pour fixer la potasse dans le sol.
En résumé :
Avec de la corne torréfiée, des
déchets de poissons, des extraits de vinasse et un calcificateur, le jardinier
peut « nourrir le sol du jardin » de manière naturelle sans risque de brûler
les plantes ni nuire à la dynamique du sol. L’épandage des produits « bio »,
depuis la fin de l’hiver jusqu’au début de juillet et au cours de l’automne,
favorisera tant les plantes que la vie du sol qui, rappelons-le, sera considéré
comme un être vivant qu’il faut nourrir, arroser tout en lui assurant une bonne
oxygénation.
JP - 15/03/2014
Le sol renferme des nutriments sous
forme minérale pour les plantes, même l’azote pourtant stocké sous la forme
organique. Ces nutriments de base sont : azote, phosphore, soufre, calcium,
magnésium, potassium, plus les oligoéléments : bore, molybdène, fer, zinc,
manganèse, cuivre.
Ces nutriments sont présents sous la
forme de réserves plus ou moins transformables rapidement vers une forme
assimilable pour la plante. Les nutriments immédiatement disponibles pour la
plante circulent sous une forme soluble et assimilable.
Ces transformations de matériaux se
réalisent selon différentes réactions chimiques : formation d’humus pour les
réserves organiques, altérations progressives des roches pour la partie
minérale.
Dans un système naturel, la réserve
azotée dépend exclusivement de l’humus, d’où l’importance d’entretenir en
permanence la litière avec de la paille, des copeaux, des herbes coupées, afin
d’entretenir en permanence le cycle : matières organiques = > matières
minérales solubles et assimilables. Ajoutons à cela l’apport en corne torréfiée
et sang desséché pour un processus lent, et en guano pour un coup de « fouet »
en cours de végétation.
Même constat pour les matières
minérales, d’où l’importance d’entretenir cette réserve par des apports en phosphore
en potasse, le tout sous forme de produits bio : vinasse de betterave pour la
potasse, arêtes de poissons pour le phosphore.
L’apport de surface n’est important
que si l’humus est un mull, c’est-à-dire un humus à forte activité biologique.
On saisit en cela l’importance de l’humification. La décomposition des matières
organiques emprunte le chemin suivant en partie grâce aux bactéries : protéines
= > acides aminés = > ammoniacs = > nitrites = > nitrates.
Toutes ces altérations se réalisent
mieux dans des sols riches en calcium. Les plantes nitratophiles, comme
l’ortie, caractérisent les sols à nitrification très rapide.
Comme on le devine un entretien
régulier du sol, par des apports en matières organiques décomposables en N, P,
K, et un apport en calcium sous la forme d’amendement, assurera non
seulement la nutrition permanente des végétaux, mais aussi une bonne santé
de la flore microbienne du sol.
JP - 20/03/2015
De l’entretien du sol à la rotation des cultures au Potager.
Finalement, entretenir le sol, c’est
un peu comme la comptabilité : il y a des crédits et des débits.
Apporter massivement des engrais de
fond en automne, c’est assurer à la belle saison une mise à disposition des
éléments nutritifs indispensables à la végétation. On peut encore améliorer ces
amendements en nuançant les apports selon les prélèvements déjà effectués par
les cultures précédents et en anticipant ceux à venir par les nouvelles
cultures.Pour faciliter cette comptabilité chimique, je recommande la mise en
place au Potager de trois carrés réservés l’un aux légumes racines, l’autre aux
légumes feuilles, enfin le dernier aux légumes fruits ou graines. D’une année à
l’autre, chaque carré recevra des légumes différents de ceux de l’année
précédente selon un ordre immuable : racine, feuilles, fruits.
On pose maintenant le principe que
chaque carré reçoit à parts égales un engrais de fond azoté, un engrais de fond
à base d’acide phosphorique et le troisième à base de potasse, soit N, P,
K.
On sait que les légumes racines ont un
besoin spécifique en Potasse (K), que les légumes feuilles ont un besoin
spécifique en azote (N) et que les fruits demandent plus d’acide phosphorique.
Pour calculer la dose à fournir à chaque carré, on pose donc la formule de base
: N =1, P = 1, K = 1,
Autrement dit, à volume égal, soit une mesure (cuillère à soupe, tasse, bol, et
cetera).
Ensuite, on corrige cette base par
rapport au déficit de l’année précédente et en anticipant les besoins
spécifiques de l’année à venir. On obtient donc les quantités suivantes.
Base + besoins spécifiques pour l’année à venir + correction de l’année
précédente
Soit pour chaque carré :
- Carré des légumes racines : = Base
(N + P + K) + K + P, soit la formule : 1 N + 2 P + 2 K.
- Carré des légumes feuilles : = Base + N + K, soit la formule : 2 N + 2 K + 1
P
- Carré des légumes fruits ou graines = Base + P + N, soit la formule : 2 N + 1
K + 2 P
Tout est clair.
JP - 17/11/2014
Du
Désordre bien humain.
Quelques éléments de sociologie du jardin. Tout le monde ne
vient pas au jardin pour y jardiner. C’est là un des aspects paradoxaux.
Souvent, le jardin est un prétexte à autre chose et cela troublera parfois le
jardinier. Je ne parle pas ici des consommateurs d’esthétiques, des promenades
du dimanche après- midi, des « je passe vous dire un petit bonjour en faisant
mon marché » ou du fréquent « je m’ennuie donc je viens ». Bienvenu à tous.
Le jardin partagé devient parfois un
lieu d’expressions étrangères au jardinage. Ces activités collectives peuvent à
certains moments devenir dominantes au point que le jardin se retrouve délaissé
pour devenir un espace associatif du quartier. Ce détournement de sa
signification première est-il souhaitable ? Pour le jardin, certainement pas.
Pour la vie du quartier peut-être ? En fait, je n’en suis pas certain, je reste
dubitatif sur la portée réelle de ces agitations parallèles qui tournent
souvent autour d’un petit noyau de personnes actives ou d’activistes plus ou
moins clos sur eux-mêmes, faussement ouverts sur les autres, parfois pour ne
pas dire souvent politisés et faisant du jardin un lieu de résistance au monde.
Tout ceci ne regarde pas directement le jardinage. Ainsi, le jardin peut
subitement donnait une impression d’abandon alors que de nombreuses activités y
sont annoncées en fin de printemps, d’année scolaire, juste avant les départs
en vacances. Il ne faut pas longtemps aux herbes folles pour se rendre alors
maître de l’espace. En deux semaines, le jardin perd de son éclat alors qu’un
quart d’heure par semaine consacré par chacun suffirait à retrouver l’effet
perdu. Autre phénomène participant au délabrement du jardin, la dynamique des
groupes.
Le jardin est partagé autour de pôles
répondant soit à des thèmes classiques, soit à des préoccupations de leaders.
Si le potager ou le coin des fleurs regroupent naturellement toutes les
personnes voulant cultiver des légumes ou des fleurs, d’autres thèmes sont
moins évidents, comme les sauvages, les annuelles, la friche aux papillons. En
général, les groupes se définissent bien en début de saison, ils ont parfois
tôt fait de se dissoudre au fil du temps. En fait, le groupe est surtout une
coalition de personnes, coalition souvent de structure assez lâche, rarement
solide au-delà d’une certaine taille. Toute coalition comprend au moins deux
éléments ; ceux qui jardineront et ceux se contenteront de regarder le
résultat. Tous contribuent à la dynamique sociale du jardin. Pour que le jardin
demeure en tant que tel ne perd pas son allure lors du délabrement des groupes,
il convient de structurer les projets autour d’un schéma directeur. Le but de
ce schéma est d’élucider une architecture d’ensemble de manière à rendre
cohérent un « tas de projets individuels » en un tout dont la signification
dépasse l’ensemble des projets personnels. Un tas de briques n’est pas mur,
l’image convient. Ce schéma directeur a le mérite d’interdire pour la saison les
divagations de dernières minutes se glissant dans les carrés en détruisant leur
cohérence initiale. L’exemple est typique au potager, au carré des fleurs. Pour
le potager la réponse fut de donner à celui-ci une structure dynamique,
permettant les rotations annuelles tout en conservant l’ordre des cultures
associées. Autrement dit, le rapport ordre / désordre au jardin reflète l’état
pour tout ou partie des coalitions.
Un jardin mal tenu, désordonné avec de
l’entropie, traduit sans aucun doute des liens comparables entre les personnes
présentes au jardin. Les activités connexes au jardinage proprement dit se
perçoivent comme des sources de pollutions de l’espace destiné au végétal. Très
vite, l’espace se transforme en déversoir d’objets hétéroclites, en restes de
festivités passées, et tout ce bric-à-brac contribue à transformer très vite le
jardin en décharge. C’est là un indice d’entropie. Vous pouvez compter en plus
sur le voisinage qui vous amènera l’esprit chagrin sa dernière plante crevarde
qu’on ne jettera pas à la décharge, car on a du cœur. Alors pourquoi pas au
jardin partagé ? Il faut donc veuillez régulièrement à rendre le jardin partagé
au jardinage et aux jardiniers en herbe.
JP - 19 juin 2007
Limaces
et Limaçons.
Avec
un temps maussade, l’été 2007 nous a laissé en héritage un cortège de « Loches
et de Limaces horticoles », sans parler des « Petits gris » qui campent en ces
lieux depuis l’ouverture. Le printemps 2008 sera donc difficile, si la pluie
est au rendez-vous avec une douceur des températures. Seule la sécheresse
limitera les pontes des gastéropodes.
La loche ou Limace grise s’attaque
surtout au Colza (crucifères), aux Céréales (Graminées) et aux jeunes plantes
des prairies. Bref, gazon, choux, moutarde, pâturin, tout est consommable ou
presque pour cette bestiole à peine plus grande d’un demi-centimètre.
Encore plus redoutable, la petite Limace noire, répondant au doux nom d’Arion
hortensis, s’attaque de préférence aux tubercules. Nous voilà donc dotés de
deux redoutables grignoteuses, pour voir disparaître assez vite tant par racine
que par feuille le fruit de toutes nos attentions : légumes, fleurs, gazon, et
que sais encore ?
Ces deux espèces, peu sensibles au
froid, autrement dit bien rustiques, ne sont dangereuses que lorsque la
température est supérieure à +10 °C et quelles bénéficient d’une bonne humidité
ambiante pour pouvoir circuler. On y est ! De mœurs nocturnes, leur présence
est décelable sous les abris naturels : mottes, cailloux, tuiles au sol,
vieille souche, planche abandonnée au sol (piège potentiel), et cetera.
Comment s’en débarrasser ? L’idéal
serait d’introduire des carabes, ces coléoptères aux élites métalliques, dont
les appétits féroces débarrasseraient le jardin en un rien de temps des
gastéropodes indésirables. On peut aussi lutter contre les limaces par de
bonnes pratiques culturales, l’élimination des mauvaises herbes, un arrosage
raisonné, un sablage, un épandage de cendres, et quelques pièges à bière. À ce
sujet, vous avez licence pour transformer vos carrés en débit de boisson … pour
Limaces, va s’en dire !
JP. - 12 mars 2008
De
la vermine et du reste.
Si nous n’avions le bonheur d’avoir des centaines de petits
oiseaux, pour exterminer ce que nous osons encore appeler aujourd’hui vermine,
nous serions perdus : hannetons, chenilles et sauterelles mangeraient tout !
La vermine est donc un moyen comme un
autre d’attirer les petits oiseaux qui font la joie du jardin… lorsque nous
nous y absentons. Contentons-nous alors de regarder passer la vermine, respectons-la,
souvent dame nature fera le reste. Voyez, par exemple, comment la coccinelle s’occupe
discrètement du puceron lorsqu’on oublie de passer l’insecticide sur les
premiers pucerons printaniers.
Évidemment, il reste le féroce
escargot dont nul prédateur au jardin n’en limite la prolifération, si ce n’est
de temps en temps une main gourmande bien décidée de passer le tout à l’escargotière,
au four, puis en bouche.
Il faut le dire : le petit-gris,
Attila en son genre, grignote tout sur son passage. Si l’on veut sauver semis,
salades, et autres croquantes verdures, il faut se résoudre à effectuer de
temps à autre un escargotage. Mais que faire de l’escargot une fois capturé ?
On peut le placer en cage pour le distribuer aux gamins du quartier pour une séance
d’observation. À moins qu’on en organise une chasse avec eux, et, pour
récompense à la fin, nos jeunes trappeurs reçoivent tout naturellement quelques
escargots en chocolat.
La limace, qui brode parfois le mur d’un
ruban d’argent, est bien rare. Parfois, elle se manifeste. C’est qu’on l’aura
introduite par mégarde à partir de quelques chutes de salades ou plantes
sauvages ramenées de je ne sais de quelle promenade champêtre. La plus
redoutable est sans nul doute la petite limace noire, qui le jour ne trouve
rien de mieux que de se dissimuler sous terre. N’hésitez donc pas à gratouiller
au pied des plantes attaquées pour voir si limace ou noctuelle n’y seraient
point cachées.
Plus on jardine bio, moins on touche à
l’équilibre du jardin, plus les choses s’arrangent. Ce laissé faire n’évite pas
les cycles et fluctuations de populations. Il faudra donc intervenir de façon
ponctuelle, toujours de manière raisonnée, jamais avec l’idée en tête de tout
exterminer.
JP - 03/03/2008
Bien
gérer les cultures d’un potager exigu.
Si vous maintenez un bon niveau de
qualité du sol de votre potager par des apports réguliers de matière organique
et d’engrais naturels, vous pourrez obtenir de nombreuses récoltes, belles et
variées, sur une petite surface. Pour ce faire, planifiez vos cultures afin de
ne jamais laisser la terre inoccupée en jonglant avec diverses techniques de
semis et de plantation.
Semis répétitifs.
Des semis successifs sont souvent
nécessaires pour les légumes à croissance rapide. Ils assurent une production
étalée dans le temps. Il convient alors de choisir chaque saison les variétés
adaptées. Ainsi peut-on semer des salades toutes les deux à trois semaines et
ceci d’avril à septembre. Procédez de même, tous les dix jours pour les radis
et ceci de mars à octobre, et une fois par mois de mars à mai pour les navets.
Les carottes se sèment tous les mois de mars à juillet. Pour les haricots verts
nains, prévoyez un semis toutes les trois semaines de mai à mi - août. Quant à
la mâche, optez pour un rythme toutes les trois semaines de juillet à octobre.
Semis ou plantations mixtes.
Les cultures mixtes associent, par
semis sur le même rang, des plantes compatibles. Ainsi, dans le cas du radis et
de la carotte vous récolterez d’abord le radis ce qui permettra à la carotte de
se développer à son aise. De même, dans le Sud-Ouest, la tradition commande de
semer des haricots grimpants au pied des maïs qui leur servent ainsi de support
naturel. Ce système était pratiqué par les Incas qui associaient une citrouille,
le haricot fournissant l’azote au sol.
Cultures intercalaires.
Les cultures intercalaires prennent
place entre les rangs des légumes à croissance lente comme les choux, l’asperge,
le céleri, la poirée, éventuellement le melon ou la courge. Vous pouvez par
exemple employer les buttes des asperges au sortir de l’hiver pour pratiquer
une culture rapide de salade ou de radis, qui profiteront ainsi de la chaleur
emmagasinée par cette butte naturelle.
Récoltes prolongées.
Certains légumes comme les laitues
"à couper", les choux frisés ou Daubenton, les poirées vertes à
couper ou le céleri à couper fournissent des récoltes étalées ou successives.
JP - 11/11/2006
Vive
le potager au carré.
De
mars jusqu’en juin, vous pouvez semer et planter en terrain bien préparé. À
vous les légumes sains et les espèces et variétés originales introuvables aux
étals des magasins. La méthode du potager au carré s’adapte à toutes les
surfaces disponibles.
Nul
besoin en effet de posséder beaucoup de terrain pour profiter de légumes à
déguster en famille. La technique du potager en carré permet d’ailleurs de
profiter « de tout un peu ». Elle se base sur des petites surfaces, de 1,20 m
de côté permettant un entretien facile. Notez que les personnes handicapées ou
âgées auront tout intérêt à recourir à des surfaces rehaussées, sur des
palettes par exemple. Ces carrés trouveront ainsi leur place sur une pelouse,
un patio, voire une terrasse ou un toit pour satisfaire les citadins. Comptez
une épaisseur de bonne terre de 20 cm minimum et choisissez un mélange terreux
riche, comportant un peu d’argile. Chaque carré est partitionné en carrés de 30
cm de côté pour faciliter les rotations et la diversité des cultures. Comptez
toutefois 4 à six de ces unités pour satisfaire une famille de trois à quatre
personnes. Positionnez l’ensemble dans un endroit chaud et dégagé, bien
ensoleillé, mais pas cuisant.
Semer ou planter.
En
fonction des cultures envisagées, vous opterez pour l’achat de plants ou le
semis. Dans ce dernier cas, privilégiez les plantes à croissance rapide,
offrant une rotation rapide telle que les radis, les haricots, les carottes,
primeurs ou bien les légumes faciles par semis comme la poirée ou le mesclun, ,
un mélange classique de salades méridionales. Variez les plaisirs avec le
pourpier doré ou la ficoïde glaciale aux feuilles charnues et rafraîchissantes.
Semez plutôt à la volée qu’en lignes dans les cases de vos carrés et
éclaircissez sans remords les plantules excédentaires. Recourez en revanche à l’achat
de plants pour les légumes de culture longue ou nécessitant un départ au chaud
comme les tomates, poivrons, courgettes… Vous trouverez maintenant des légumes
proposés en barquettes en mélange ou petites quantités. Au besoin,
arrangez-vous avec un voisin ou ami pour des achats groupés assurant plus de
diversité.
Faites un bon choix de variétés.
Privilégiez
les formes qui ne prennent pas trop de place. Ainsi, éviter les courgettes
coureuses, les choux géants, la tétragone, les haricots nains. Côté productivité,
optez pour les tomates à grappe plus généreuses et goûteuses comme ‘Sweet 100’
par exemple. Mixez les ‘fraisiers remontants et non remontants pour une
production bien échelonnée, voire des fraises des bois des quatre saisons.
Prenez de la hauteur.
Quelques
bambous ou une trame de fer à béton bien fixée permettent de cultiver, au
centre, des légumes grimpants comme les haricots à rame voire le haricot
d’Espagne aussi joli en fleurs que délicieux en gousses. Vous palisserez ainsi
des tomates… à moins que vous ne préfériez tenter quelques pieds de maïs qui
sont d’ailleurs d’excellents supports pour les haricots.
Des simples indispensables.
Dans
le moindre espace libre, installez des touffes de persil, du basilic, du thym,
de la sarriette, de la ciboulette ou encore de l’estragon de bouture. Semez
également, dès mai, des condimentaires à croissance rapide quelques graines de
coriandre, de roquette, de cresson de Para si piquant ou un des innombrables
basilics au feuillage odoriférant.
Côté technique culturale.
Ne
vous inquiétez pas des classiques rotations de cultures vous enjoignant de ne
pas cultiver au même emplacement et deux années de suite le même type de
plantes. Si vos cultures sont saines, le remplacement systématique et annuel
d’une moitié du compost assurera une bonne fertilité du substrat. Employez un
rétenteur d’eau et de l’engrais à libération lente comme pour les jardinières.
De jolies fleurs à manger.
De-ci
de-là, installez un pied de souci, de capucine, de bourrache… dont vous
cueillerez les fleurs pour agrémenter vos salades et rehausser vos parterres
potagers.
JP - 11 mars 2008
L’arrosage
raisonné au jardin.
Comment
contrôler les arrosages au jardin potager ? Il faut savoir tirer parti de son
expérience. Ce n’est pas toujours facile. Voici donc une méthode pour mettre en
place une aide à la décision en matière d’arrosage. Cette méthode est inspirée
de la logique floue. Les procédures ont été adaptées même pour aboutir à ce que
nous nommerons « une logique d’intervalles » plus simple d’usage tout en étant
tout aussi fidèle quant aux résultats.
En ces périodes d’économie d’eau, la
conduite de l’arrosage tout au long d’une saison au potager n’est pas une mince
affaire, surtout lorsque l’on a plusieurs cultures en train et à des stades
différents. Il convient donc d’agir avec méthode afin de doser équitablement
les arrosages en fonction des besoins, des sols, du climat.
Partons des observations suivantes.
- un bon arrosage équivaut à un arrosoir soit 10 litres au mètre carré.
- Si le sol est sec,
il faut un arrosoir.
-
Si le sol est frais, il faut ½ arrosoir.
-
Si le sol est humide, il ne faut pas arroser.
-
S’il fait très chaud, il faut un arrosoir.
-
S’il fait chaud, il faut ¾ d’arrosoir.
-
S’il faut moyen, il faut ½ arrosoir.
-
S’il fait frais, il ne faut pas arroser.
-
Si la plante est jeune, il faut ¼ d’arrosoir.
-
Si la plante est en pleine croissance, il faut ¾ d’arrosoir.
-
Si la plante est en pleine floraison ou fructification, il faut un arrosoir.
-
Si les fruits sont en voie de maturation, il faut diminuer progressivement les
arrosages un mois avant la récolte.
-
Si le sol est sableux, il faut arroser peu et souvent, soit ½ arrosoir.
-
Si le sol est limoneux, il faut arroser un peu plus et moins souvent, soit ¾
d’arrosoir.
-
Si le sol est argileux, il faut arroser beaucoup à la fois, mais rarement, soit
1 arrosoir.
-
Si la plante aime l’humidité, il faut un arrosoir.
- Si la plante
n’aime pas les sols humides, il faut ¾ d’arrosoir.
-
Si la plante redoute l’humidité, il faut ¼ d’arrosoir.
Comment faire maintenant pour régler
l’arrosage, lorsque nous avons plusieurs facteurs simultanés ?
Il faut maintenant établir les
correspondances entre chaque variable et une dose d’arrosage. Comme nous
travaillons au coup d’œil, le dosage est approximatif, si bien qu’il convient
de créer des échelles d’évaluation dont les parties se superposent aux
extrémités les unes les autres.
- Si le sol est sec,
il faut de 7 à 10 litres.
-
Si le sol est un peu sec, il faut de 5 à 8 litres.
-
Si le sol est frais, il faut de 3 à 6 litres.
-
Si le sol est humide, il faut de 1 à 4 litres.
- Si
le sol est très humide, il ne faut pas arroser =0 litre.
-
S’il fait très chaud, il faut 10 litres.
-
S’il fait chaud, il faut 7à 8 litres.
-
S’il faut moyen, il faut 4 à 6 litres.
-
S’il fait frais, il faut de 1 à 5 litres.
-
Si la plante est jeune, il faut de 1 à 2 litres.
-
Si la plante est en pleine croissance, il faut 6 à 8 litres.
-
Si la plante est en pleine floraison ou fructification, il faut 10 litres.
-
Si les fruits sont en voie de maturation, il faut diminuer progressivement les
arrosages un mois avant la récolte, soit une pondération 30/30, 29/30, etc. …
-
Si le sol est sableux, il faut arroser peu et souvent, soit 4 à 6 litres à la
fois.
-
Si le sol est limoneux, il faut arroser un peu plus et moins souvent, soit 7 à
8 litres.
-
Si le sol est argileux, il faut arroser beaucoup à la fois, mais rarement, soit
10 litres.
-
Si la plante aime l’humidité, il faut 10 litres.
-
Si la plante redoute l’humidité, il faut 2 à 3 litres.
Exemple :
On cherche les valeurs minima et les
maximas et on applique la règle de la conjonction & (on ne retient alors
que la valeur minimale, nous sommes dans une politique d’économie. En
appliquant la règle V « ou », on ne retiendrait que la valeur maximale de chaque règle) :
3 & 7 & 6 & 2 => 2
6
& 8 & 3 => 3
Il faut arroser la plante avec 2 à 3
litres d’eau. On retrouve les valeurs pour une plante qui redoute l’humidité.
Avec une plante ayant besoin
d’humidité, l’arrosage aurait été de :
3 & 7 & 6 & 10 => 3
6
& 8 & 10 => 6
Soit un arrosage de 4 à 5 litres (4,5
pour faire juste). Dans ce cas, il
conviendra de surveiller le point de flétrissement, ou d’ajuster par la
variable de pondération : …1,2 – 1,1 - 1 - 0,9 – 0,89, et cetera. Au besoin,
on ajoutera une règle de pondération pour apporter de la précision.
JP - 2013
Herbes
folles, messicoles ou adventices, bien au milieu des cultures.
Les herbes colonisent naturellement les endroits qui leur conviennent le mieux.
Il n’est donc pas étonnant d’en retrouver certaines là même où nous nous
donnons de la peine à cultiver. Si quelques plantes détestent les sols remués,
d’autres, comme les messicoles ou les adventices, les recherchent
impérativement pour végéter. Ainsi, pas de Nielle sans labour.
Toute la difficulté du jardin partagé
réside en deux aspects bien distincts : l’un est qu’il faut bien partager le
lieu avec les autres jardiniers ; l’autre aspect moins reconnu, est qu’il
faudrait aussi partager le jardin avec la flore spontanée. Ce double partage
entre nature et culture aboutit à une synergie peu commune donnant d’une année
à l’autre au jardin un mouvement. Ainsi, cette année les Roses trémières se
sont installées à des endroits où l’on ne les attendait guère. Dû en partie au
hasard d’un envol de graines cet aléa brise avec bonheur notre fâcheuse
habitude à penser la nature. Et, reconnaissons que, sans cet aléa de génie, la
beauté naturelle du jardin disparaîtrait en bonne partie.
L’année dernière nous avons ainsi
découvert le raifort sauvage, le réséda jaune et un géranium brun. Si le
réséda, utilisé au moyen âge par les teinturiers, a pour l’instant disparu, le
géranium est en fleurs au milieu des iris et le raifort bisannuel exprime sa
fleuraison avant de disparaître. Par ailleurs, un cardon épanouira bientôt une
petite fleur en forme d’artichaut dont il est un lointain ancêtre. Ce sera le
moment pour inviter les uns et les autres à prendre conscience du long travail
de sélection qui a conduit la plante sauvage aujourd’hui délaissée à la plante
cultivée au potager.
Comme vous le devinez, nous avons
intérêt à rester tolérants vis-à-vis des herbes folles qui s’installent ici ou
là dans nos carrés. On peut en contrôler l’expansion sans pour autant les
détruire totalement. Leur présence donne un ton naturel, protège le sol de la
battance de la pluie, ombre le sol tout en l’ameublissant. Si nous devons en
supprimer l’expansion, alors faisons-le progressivement, jamais de manière
systématique. Laissons une part de liberté à la nature. Celle-ci nous le rendra
à sa manière par la diversité des formes, le vol d’un papillon ou encore le
chant d’un oiseau.
Au potager l’adventice aura toute sa
place entre deux cultures. Offrant une couverture au sol dénudé l’adventice
viendra en contre point au carré cultivé. Où est le problème ? Dans nos
représentations du monde, dans cette manière bien à nous de contraindre notre
monde immédiat en toute occasion, de le soumettre à une domination bien
discutable.
Ailleurs qu’au potager, les herbes
folles sont toutes aussi tolérables entre deux touffes cultivées trop éloignées
pour offrir au sol une couverture efficace. Le moment venu, on reprendra
possession de la surface, mais pas avant. Le geste, devenant plus réfléchi, s’éloignera
ainsi de la pulsion première destructrice à laquelle notre esprit incline par
éducation.
Avec l’habitude, ce qui au paravent
nous semblait un peu fouillis nous apparaîtra subitement comme ordonné en une
harmonie à la fois spontanée et voulue. À s’effacer un peu devant la nature
nous n’en serons alors que plus Zen.
JP – 19/06/2007
Les
cultures associées.
Vous connaissez tous les associations végétales, même si
vous semblez les ignorer. Les milieux naturels => comme lieux
d’associations de plantes vivant en communautés, mais aussi comme lieux de compétitions
: par exemple, la molinie (herbe dense) peut empêcher la régénération
forestière en interdisant toute germination. Autre exemple, un peuplement de
Calamagrostis epigejos assèche si fort le sol qu’aucune graine ne peut y germer
sous un climat sec. Une plante, telle que l’Hieracium pilosella, est capable de
faire le vide autour d’elle en émettant une substance toxique pour les végétaux
d’alentour.
Qu’est-ce qu’un milieu ?
Donc, le milieu est un tout, c’est un
écosystème.
Voilà la liste de quelques écosystèmes
que vous connaissez certainement :
(à chaque terme, imaginez un paysage
et faites appel à vos souvenirs)
Forêts, hêtraie, chênaie, cerisaie,
conifères et résineux, landes, landes sèches et landes humides, forêt landaise,
landes acides, landes tourbeuses, marais, tourbières, pelouses, prairies,
prairies humides, prairies sèches, prairies fauchées, prairies pâturées,
étangs, lacs, plaines, platières, taillis, taillis tourbeux, garrigues,
vignobles, bocage, clairières, talus, sans oublier le maquis corse et bien
d’autres milieux comme la mangrove tropicale, savane, forêt primaire pluviale, bambouseraie,
prairie pastorale, et cetera.
Rôle des lapins, du surpâturage, du
piétinement des troupeaux, des pratiques agricoles, dans le façonnage du
paysage et des milieux. (Remembrement et disparition du bocage, de la
déforestation).
Groupements de végétaux.
Par exemple :
Groupements herbacés sur sols secs,
humides, frais, inondés ou marécageux.
Sur sols secs, humides, acides,
calcaires, riches ou pauvres en nitrates, sols caillouteux, rocheux, sableux,
éboulis, corniches, falaises, cultivés ou incultes.
Lieux ensoleillés, ombragés humide,
sec.
Eaux dormantes, vives, courantes,
stagnantes, calmes et acides, ruisseaux, rivières, sols à alluvions, les grèves
alluviales, dalles gréseuses, sables tourbeux.
Végétations des moissons sur sols
siliceux ou plus ou moins calcaires et caillouteux, sur limons (Nielle,
coquelicot, bleuet, et cetera).
Végétation des champs de lin, des
pelouses urbaines (Polygonum aviculare ou Renoué des oiseaux).
Végétation des lieux piétinés,
Végétation des hautes friches à Chardons, Reseda luteola, Végétations des
berges : l’iris speudoacorus de couleur jaune, appelé « Lys » au moyen âge,
donna l’emblème royal de la fleur de lys.
D’une manière générale, tout ceci vous
dit quelque chose. Évidemment, les souvenirs des uns ne sont pas les souvenirs
des autres. Cette diversité des mémoires est utilisable autour d’un projet
partagé. Les souvenirs d’enfance, les expériences, tout ceci constitue un
patrimoine à partager lors de la conception d’un projet saisonnier de
jardinage. Je vous conseille donc dès chaque automne à redessiner vos carrés
sur le papier, à discuter entre vous de la jouvence de vos cultures en donnant
du sens, un thème, un camaïeu. Ensuite à distribuer le rôle et le statut de
chacun dans le groupe pour assurer une synchronie tout au long de l’année.
Certains préfèrent les tomates, d’autres les plantes condimentaires, d’autres
les fleurs de couleurs jaunes ... Il est possible de construire un jardin
harmonieux en tenant compte de la diversité des goûts particuliers tout en maintenant
l’intégrité générale de celui-ci. Le jardin partagé ne peut être une succession
désordonnée de projets individuels pas plus qu’un tas de brique ne saurait
faire un mur. L’architecture du potager conduit en cultures associées en est
une belle illustration.
En conclusion : D’une manière générale, on ne peut pas
associer tout et n’importe quoi. Chaque milieu possède un potentiel sol,
climat, végétal. Il en va de même au jardin. C’est la raison pour laquelle il
nous faut dessiner le schéma d’un potager de cultures associées « clé en main
».
JP - 20/05/2007
Base
pour un potager idéal.
Le potager est un exercice difficile.
Chacun peut librement y trouver sa place à condition de s’intégrer dans un
schéma directeur qui assure la rotation des cultures, l’ordre des semis et des
repiquages. Toute improvisation de dernière minute est donc à éviter. Le
programme est au jardin ce que la boite de vitesse est à l’automobile. Sans lui
rien n’avance et tout cale rapidement.
Je comprends fort bien les difficultés
de démarrage observées cette année au potager et l’impression de fouillis mal
contrôlé. Or, n’oublions pas que nous sommes observés par d’autres jardins. Il
est donc utile de donner non pas l’illusion d’une harmonie en trompe oeil, mais
bien d’une harmonie jaillissant des mises en oeuvre.
Afin de simplifier la composition du
Potager, tout en respectant l’association des cultures, j’ai imaginé de diviser
le potager en 3 planches principales : les légumes « racines », les légumes «
feuilles », les légumes « fruits ».
Ainsi divisé, le potager s’offre plus
facilement à la rotation annuelle des cultures par permutation des plancheset
et à l’application des amendements fertilisants qui vont avec chaque type de
légumes. Quoi de plus simple ? Quant à la quatrième planche, son usage sera
réservé à l’imprévu (nouveaux adhérents, projet pour voir, cultures vivaces : artichauts,
cardons, asperges).
Chaque planche recevra une succession
de cultures en ligne (dans le sens de la largeur). Enfin, certains légumes,
étrangers à la planche, serviront en fait à réaliser une soudure selon la
logique des cultures associées. Le radis en est un exemple parfait.
L’ensemble des lignes, considéré dans la longueur de la planche, offre les
séquences suivantes.
- Planches des Légumes Racines.
Séquence : Ail + Pomme de terre +
Raifort + Pois + Navet + Laitue + Oignon + Betterave rouge + Carotte + Radis +
Céleri rave + Pomme de terre + Tomate.
- Planches des Légumes Feuilles.
Séquence : Épinard + Poireau + Laitue
+ Chou + Céleri à côtes + Poireau + Tomate + Céleri.
- Planches des Légumes Fruits. Séquence : Aubergine + Haricots + Concombre
+ Maïs + Melon + Laitue + Pois + Haricot + Maïs + Potiron.
Cette présentation étant perfectible,
je vous laisse le soin d’en fignoler les finitions afin de dépasser en nombre
les 31 légumes mis ainsi en culture. Ceci étant posé comme principe, il
conviendra de définir les dates de semis. Je vous conseille de faire simple et
de préférer les semis en place, d’éviter les cultures forcées sous châssis ou à
contre-saison. Prévoyez sur la quatrième planche vos pépinières d’où seront
prélevés les plants destinés au repiquage en évitant de la sorte les semis en
petits pots abandonnés au vent.
JP - 20/05/2007
Voici
une flaque !
Voici une flaque. Que dis-je ? Une mare, un marécage,
un océan immense où se cachent à millions des êtres minuscules. Tout cela
finalement n’est qu’une histoire d’échelle, une manière d’appréhender le monde
et ses merveilles par un bout ou l’autre de la même lunette. Il suffit de se tenir
à bonne distance pour transformer ce lieu anodin en un univers immense
débordant de surprises.
J.P. - 20/09/2007
Le
Chat du Voisin.
Il n’est pas de jardin, partagé ou non, qui ne soit au petit
matin visité par le chat du voisin. Celui-ci y passe, musardant d’un coin à
l’autre, à la recherche de sa préférence, celle d’un petit coin tranquille fait
d’un espace bien dégagé, si ce n’est bien en vue, où la terre fraîchement
remuée accueillera comme il le faut une crotte bien fumante exposée au milieu
des semis.
Depuis quelque temps, chaque matin, une poignée d’étrons, sentinelles en
troches immobiles, abandonnées à un sort incertain par on ne sait quel sac à
puces, transforme ainsi ces lieux agréables en sentine infréquentable.
Moi, le chat, premier occupant des lieux, je vous interpelle donc publiquement
vous les hommes pour vous dire : - sachez que pour ma plus grande renommée,
j’assurais depuis longtemps cette tâche avec bonheur. Crottant ici ou là, au
milieu des carrés, provoquant ainsi le désespoir du jardinier pour mon plus
grand amusement.
Et voilà, maintenant, qu’à votre tour, en chieur que vous êtes, vous montrez en
place publique ce que je prenais soin à cacher sournoisement pour mieux
surprendre. C’est pour le moins fâcheux de constater tant de ruses devenues
inutiles par la faute d’un esprit canin. Indécrottable propriétaire d’animaux
divagants, en semant la merde ici, vous semez aussi la discorde, provoquez une
guerre de siège, en ces lieux félins.
Signé : Le Chat du Voisin.
JP - 22/06/2006
La
corneille au bord de l’eau.
Une corneille vint à se poser au bord
de la margelle du petit bassin. Elle portait en son bec, non pas un fromage,
mais un bout de pain sec, qu’elle déposa sur le bord et d’un coup de bec le
fractura en trois parties. Elle saisit alors chacun des morceaux pour les
tremper dans l’eau. Après un instant, elle les agita pour qu’ils fassent bien
trempette. Vint près d’elle un
corneillard qui s’approcha pour quémander sa pitance. Alors la corneille saisit
un par un les morceaux bien ramollis pour les offrir au corneillard affamé. Et
après ça certains s’imaginent encore être les seuls intelligents !
JP - 20/03/2015
Approche
esthétique au jardin partagé.
Il y a quelque chose d’étonnant à
constater l’écart existant entre les recommandations écologiques et l’impact
sur la réalité lorsque le jardin est grand comme un mouchoir de poche. S’il
s’agit d’enseigner et d’utiliser le jardin comme support pédagogique, nous
sommes d’accord, mais s’il s’agit de croire à son impact sur la santé publique,
alors là : halte ! En effet, quel impact sur l’environnement auront les mesures
prises à l’adresse d’une jardinière, d’un carré de choux, d’un are ou deux
d’une terre déjà polluée jusqu’au trognon ?
Toutefois, je vous accorde que le refus des pesticides est une bonne chose,
mais pour le reste le doute demeure. On ne peut réduire l’écologie dite urbaine
à la superficie de quelques friches éparpillées en ville. L’écologie urbaine
concerne toute la ville et non quelques coins temporairement délaissés à la
nature, à l’arbre aux papillons, aux herbes folles, quand ce n’est pas à de la
ferraille abandonnée.
L’existence d’un jardin partagé ne doit pas nous faire oublier le reste. Or,
c’est justement le reste qui pose problème et le jardin partagé vient s’opposer
à ce reste en contrepoint. Mais comment ?
Voyons cela. Venons-en donc à quelque chose de difficile à débattre, je
veux parler de l’esthétique du jardin partagé, esthétique qui tient souvent
plus d’un tas de briques que d’un mur bien élevé. Autrement dit, beaucoup de
jardins partagés m’apparaissent comme étant inesthétiques, parce que
pagailleux.
Jardiner d’une manière écologique est recommandé pour toutes les raisons que
l’on connaît, mais cette manière de faire interdit-elle que l’on s’attarde sur
l’esthétique paysagère du jardin ? Pourquoi tant de jardins ressemblent plus à
une décharge végétale plus ou moins chaotique qu’à une harmonie naturelle comme
la nature nous en donne le spectacle ?
La réponse à cette question tient au fait qu’au départ il n’y a pas de schéma
directeur où la mise en scène serait maîtrisée. Par la suite, des corrections
apparaissent dans certains jardins améliorant la circulation du public, la
disposition des plantes, les effets d’ensemble. Cet apprentissage du lieu et de
ses fonctions aboutit à une impression d’équilibre qui fige pour quelque temps
le jardin dans un état de grâce.
Mais cet état ne dure pas, parce que le végétal évolue et brise l’impression
d’équilibre. Il faut donc ici tailler, là replanter, ailleurs transformer pour
embellir. C’est au cours de ces actions que le bazar introduit doit
progressivement laisser la place à une esthétique paysagère naturelle qui reste
à promotionner. Tout objet, souvent de récupération, devrait être banni au
profit d’une présentation plus naturelle où les artéfacts humains seraient
minimisés.
Cet effort d’esthétique pour rendre le jardin plus naturel ne contrarie en rien
les projets des uns ou des autres. Les réflexions pour placer les projets sur
le terrain permettent de dégager des règles de composition qui serviront de
directives générales. C’est en cela que le jardin partagé transcende son but
primitif, celui de promouvoir uniquement des pratiques respectueuses de
l’environnement. L’écologie n’est pas une esthétique, c’est là son point faible
au jardin.
Certains jardins partagés donnent l’impression d’un chaos. Les cultures y sont
disposées selon un désordre traduisant la création primitive plus qu’un schéma
de composition réfléchit pour la mise en valeur du paysage.
On y gagnerait beaucoup à remettre les cultures selon une logique paysagère
obéissant à l’idée d’un paysage naturel où l’intervention du jardinier ne se
laisserait surprendre en train d’agir.
Pour cela, il convient d’élaborer de règles de composition. Certaines sont
évidentes et utilisées sans même qu’on ait à y réfléchir. Par exemple les
grandes plantes sont placées en arrière tandis que les plus petites sont
plantées en première ligne. C’est du bon sens, mais faut-il encore
l’expliciter.
Chaque jardin étant unique, il convient d’en dresser une logique de composition
faite sur mesure, même si les règles de composition générales sont utilisées
ici ou là lors de la mise en place d’un espace particulier.
Chaque jardin sera ainsi décrit par des éléments de composition : limites du
jardin, circulation, thématique des espaces, ombre / lumière, l'opposition sec
/ humide, perspective, point de fuite, mise en scène des espaces… On pose ainsi
sur le plan, en partant des limites extérieures, les parties du tout, chaque
élément étant mis en relation avec ses voisins selon une progression qui reste
à définir : couleurs, formes, fonctions.
Dans la mesure où le jardin partagé n’est pas un jardin à la française, on peut
penser lui donner une forme naturelle plus agréable au regard parce que donnant
une impression de la spontanéité des choses perçues. Le jardin partagé, c’est
la liberté sous contrôle. Évidemment, ce contrôle ne doit jamais apparaître,
sauf s’il est recherché en tant que tel, comme dans la taille et mise en forme
d’une touffe de vivace, d’un arbre palissé. On appellera cela un effet de
contrepoint. Cet effet peut s’appliquer tant aux formes des végétaux qu’aux
couleurs des floraisons.
§ - Donc, la première règle serait de poser au sol une moquette de
verdure sous la forme d’un tapis, une pelouse pour tout dire, de manière à
donner un fond à l’ensemble.
§ - La seconde règle serait de limiter le jardin par une enceinte
végétale : arbres fruitiers palissés au mur, plantes grimpantes, massifs de
plantes vivaces plantés sur le pourtour.
Les règles suivantes concerneront la composition des massifs et non la
disposition des massifs les uns par rapport aux autres, chaque jardin ayant une
surface et une forme spécifiques.
§ - Placer les plantes par ordre de grandeur.
§ - La hauteur d’un massif adossé doit correspondre au 2/3 de sa
longueur.
§ - Pour un massif de formes libres, la longueur maximale sera le double
de sa largeur maximale.
§ - Installer un fond de décor.
§ - Un massif sera composé de masse augmentant selon une suite de
nombres impairs. : 1, 3, 5…
§ - Faire déborder les jardinières et les bacs.
§ - Créer de la légèreté dans les massifs. En ayant recours à de plantes
vaporeuses.
§ - Choisir une forme de fleurs dominante.
§ - Associer les couleurs. Utiliser des dégradés, des associations
binaires (1 couleur primaire + du blanc), des associations ternaires.
§ - Éviter d’associer des couleurs primaires entre elles.
§ - Éviter de mélanger des couleurs pastel avec des couleurs saturées.
§ - Utiliser le blanc pour adoucir ou séparer.
§ - Choisir une couleur dominante puis utilise des dégradés.
L’esthétique
comme prise de tête.
L’esthétique de nos jardins ordinaires reflète souvent
l’aspect fonctionnel et ses contraintes : entrée du garage, terrain en
pente, emplacement de l’entrée principale du pavillon, présence d’enfants,
surface disponible, effet de mode (présence d’un saule pleureur isolé sur
pelouse), et cetera.
Toujours est-il que trop de géométrie apparaît comme anti naturel.
Souvent, des jardins partagés se dégage une impression de fouillis aléatoires jetés
au sol au hasard des réalisations promues par quelques personnes se consultant
peu quant à l’allure du résultat. Sans interdire telle ou telle réalisation, il
serait opportun de redessiner l’ensemble des emplacements afin de dégager des
équilibres, des contrepoints, de la mise en tensions des différents éléments
utilisés. Cela relancerait l’activité d’un jardin qui se cristallise trop vite
dans l’immobilisme, la routine, et finalement l’ennuie. Même si l’on prône le
rassemblement d’un grand nombre de choses disparates, l’intérêt reste la mise
en harmonie des parties dans l’ensemble. Là encore ce sera l’expérience, la
critique aimable de tout à chacun au fil du temps, qui apportera les idées, les
notions opératoires, le cheminement vers le but à atteindre.
En guise de conclusion provisoire, nous dirons que l’art au jardin partagé
apparaît comme étant une mise en opposition d’éléments qui se refusent à une
synthèse équilibrée. Il s’agit alors d’un enchaînement depuis l’origine
laissant une grande place au hasard, aux bouleversements et à la pluralité
entre les choses et les évènements.
JP -8/05/2015
Certains jardiniers ont à cœur de diversifier au maximum les
espèces végétales en introduisant des plantes tout en laissant une place aux
herbes folles. Tout cela s’organise soit en laissant courir quelques herbes
dans chaque carré, mais jamais les mêmes d’un carré à l’autre, soit en
reléguant la flore sauvage au fond du jardin ce qui n’est pas sans rappeler
l’organisation du jardin à la française.
JP - 5/06/2015
JP - 17/06/2015
La visite de plusieurs jardins
partagés montre que le potager est souvent abandonné tout comme le jardinage
des plantes annuelles. Cela révèle souvent la désaffection des acteurs pour le
jardinage actif au profit d’une activité d’entretien de plantes vivaces. Il
s’en suit alors une perte de savoir et un air d’abandon laissant même la friche
s’installer. Tout sera donc à reprendre, souvent avec une nouvelle équipe, la
précédente étant dégoutée par les contraintes imposées au jardin. Tout le monde
n’est pas jardinier ou ne le deviendra pas. Il faut l’admettre comme un fait.
Cette situation débute généralement par une méconnaissance qui ruine peu à peu
les efforts des jardiniers. Posons-nous la question de savoir comment
fonctionne la relation cyclique sol-plante-atmosphère-sol ? Quel est l’élément
qui circule de l’un à l’autre en formant un cycle tel que si l’on casse une
relation c’est l’ensemble, et la plante en particulier, qui dysfonctionne ? La
réponse est l’eau !
En paraphrasant l’alchimiste, nous pourrions avancer "qu’il faut tout
aligner" pour atteindre le grand œuvre. Qu’est-ce à dire ? Que jardiner
c’est surveiller d’abord et en permanence le cycle de l’eau afin d’amener les
corrections nécessaires pour maintenir une végétation en bonne forme.
Finalement le grand œuvre du jardinier serait non seulement de mener à bien une
récolte, mais encore de réaliser le cycle saisonnier d’une manière régulière
sans rupture dans le cycle de l’eau. Chaque plante mise en terre est un peu
comme un métal déposé au fond du creuset où il convient de mener à bien
l’expérience avec autre chose qu’un déjà ayant vu, car voir n’est pas savoir,
et bien autre chose que savoir, car savoir c’est voir ça. Il faut en plus une
connaissance, c’est-à-dire cette capacité à ressentir l’état de l’ensemble et du
particulier dans leurs relations multiples afin d’aligner en harmonie et au
plus près les éléments les uns avec les autres. Appliquer cette connaissance,
c’est entrer en communication avec le jardin de bon matin, en respirer les
odeurs, en apprécier l’ambiance, afin de juger l’état des plantes et du sol
après une nuit à l’abri de la lumière.
L’arrivée de la lumière va tout bousculer. Le sol va se réchauffer, son eau
s’évaporer comme pour la plante, tandis que l’air va s’assécher. Il convient
donc de rééquilibrer l’ensemble. Une grande partie de l’art réside dans cette
régulation consistant à donner au sol ce qu’il risque de perdre dans la journée
et à fournir à la plante ce qu’elle exigera pour lui éviter d’atteindre le
stress du point de flétrissement et un arrêt de végétation. Surveiller le cycle
de l’eau, c’est aussi veiller au cycle de l’énergie, puisqu’une partie de cette
dernière circule sous forme d’éléments nutritifs solubles, l’autre partie
provenant de la lumière et passant par la photosynthèse.
À vous de faire.
JP - 15/08/2015
De qui se moque-t-on ?
Entre trottoir et plainte d’immeuble existe un minuscule espace colonisé par
diverses plantes. Que le pâturin y pousse, passe encore, mais qu’on y trouve au
hasard des promenades tomate, poivron, muflier, pensée, pourpier, amarante, et
même un arbre comme le paulownia, alors là le jardinier s’interroge : - moi qui
les cultive avec attention et amour sans arriver à grand-chose, voilà que ces
mutines s’épanouissent ici sans soin ! Il existe bien à notre attention une
sorte d’ironie végétale qui montre combien en culture nous avons encore
beaucoup à découvrir.
Déjà, le
retour de l’automne.
On avance de saison en saison et nous
voici encore arrivés à la fin de l’été. Il est temps de songer aux travaux
d’automne dont les principaux se résument en deux mots : nettoyage et
labourage. Il en existe pourtant un troisième, souvent oublié aux jardins
partagés, celui d’amendement.
C’est là un bien grand mot pour un jardin grand comme un mouchoir de poche. Il
n’empêche qu’il signifie ce désir d’améliorer le sol, de lui maintenir une
bonne texture, de la souplesse, de lui apporter l’humus tant nécessaire, les
oligo-éléments indispensables, l’azote, le phosphate et la potasse, tous ces
éléments en quantités disponibles sous forme d’engrais de fond.
Soigner le sol des carrés sur vingt centimètres de profondeur n’est pas si
compliqué et pourtant l’oubli est fréquent. Il faut dire que le citadin ne
connait pour sol que le macadam. Ceci explique donc cela. Il est grand temps
pour lui de se pencher sur ce qui prend pour matière morte. Il est grand temps
pour qu’il apprenne enfin que le sol superficiel est à la plante ce que le
placenta est au fœtus : un organe vivant indispensable situé entre la roche et
la flore.
Le secret d’un jardin en excellente santé se situe à l’insu de tous dans cette
fine couche de terre où s’agite une foule de vies allant du virus au lombric en
passant par les bactéries, les champignons, les acariens, une microflore et une
microfaune insoupçonnée créant de la sorte un continuum entre le vivant et
l’inerte.
Réalisons aussi qu’on ne nourrit jamais la plante, mais que la plante se
nourrit sans nous et selon ses besoins. À nous de faire en sorte qu’elle ne
manque de rien le moment venu. Une seule manière pour cela : prendre soin du
sol sans chercher à intervenir directement sur la plante en la dopant à l’aide
d’engrais liquides, aussi violents qu’un coup de fouet, interventions qui
laisseront toujours des traces et fragiliseront tôt ou tard la végétation.
Il faut donc changer la direction de notre regard pour agir autrement et
découvrir enfin que la plante n’a nul besoin de notre présence, mais que les
conditions artificielles dans lesquelles on la maintient exigent de notre part
une intervention soutenue, de qualité, pour rendre ces conditions viables.
Amendements, arrosages, nous voici donc esclaves de nos sélections abusives,
mais il n’est de servitude plus agréable que celle de cultiver son jardin.
JP - 22/08/2015
Potager dans
le potage !
JP - 03/10/2015